SEUM & BELLES-MAMANS : DANS L’ENFER DU TINDER D’ANTAN

En ce jour de Saint-Valentin, vous faites peut-être partie de ceux​ qui vont géolocaliser des inconnu.e.s pour tenter de subvenir à un besoin à la base de leur pyramide de Maslow ( -faire crac boum hue) voire au second étage (trouver l’amour). Et il y a peut-être une voix de boomer en vous qui juge que tout ça n’est pas bien normal. Que devoir supporter toutes ces bouffonneries textuelles (les « scorpions s’abstenir » en bio ou les « ola guapa » en guise d’accroche) est le signe d’une civilisation qui s’effondre. Détrompez-vous, au XIXᵉ, tout se passait dans les messages de la Petite correspondance et, franchement, c’était pire. 

Il ne faudrait pas croire que dans le temps, les couples ne se formaient que lors de rencontres impromptues. Au XIXème, pas mal de mariages étaient encore plus arrangés que du rhum, ça étouffait gentiment la spontanéité sous un édredon. Mais il y a une invention qui a tout chamboulé : la publication de messages amoureux dans les journaux. C’est le Figaro qui a lancé cette rubrique révolutionnaire en 1875, sous le nom de Petite correspondance . Oui, ces années-là, ce canard servait à autre chose qu’à alimenter la peur avec des hors-série du genre « Salafisme : le déni français » ou à offrir un emploi semi-fictif à Frédéric Beigbeder. De plus, à l’époque, avoir un téléphone fixe était un luxe. Et miser sur le courrier pour pécho, c’était prendre le risque de perdre quelques mois. Alors, ce nouvel espace d’expression romantique hebdomadaire a tout de suite connu un succès fulgurant. Pour 1,50 franc la ligne, les bourgeois pouvaient se déclarer leur flamme et se donner rendez-vous sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Charmant ? Pas tant que ça.

Évidemment, la page devient vite Adultèreland. Les messages codés sont légion. Les embrouilles aussi. Par exemple, lorsqu’une femme écrit « À M. Léopold W., au Grand-Hôtel. – Lâche !… Lâche !… Lâche ! », son amant lui rétorque la semaine suivante : « « Lâche ! » dis-tu. Je t’ai lâchée. Qu’est-ce que tu veux de plus ? ». Ouch, goujaterie maximale. D’autres infidèles se préviennent qu’ils sont grillés comme des brochettes : « Georges, pardonne-moi, oublié le portefeuille sous mon oreiller, la femme de chambre l’a trouvé et le lui a remis ; il a les lettres. Je tremble. » Ce qui fait que tout le monde se met à scanner la Petite correspondance pour deviner qui est cocu. Les belles-mères n’hésitent pas à fouiner pour savoir si l’honneur de leur famille est en péril. La paix est menacée, et cette fois ce n’est pas un coup de la Prusse. À tel point que dès le 1er janvier 1876, le Figaro doit supprimer la rubrique. La justification ? « Le  supplément du dimanche peut et doit être un journal de famille, il faut qu’on puisse le laisser sans inconvénient sur la table de chaque salon. » Non, vraiment, le marché de l’amour, ce n’était point mieux avant. 

Par F.L

LES TRUCS QUI MANQUENT : LES CANDIDATS AUX PRÉSIDENTIELLES

45. C’est le nombre de candidats à l’élection présidentielle. Il en faut plus, bien plus. Voici quelques idées de personnes qui ont les qualités nécessaires pour se présenter : ils rassemblent les Français, ils ont du charisme, et sont en majorité des mecs.

Claude de Koh-Lanta. Il aurait clairement gagné l’épreuve d’immunité de la primaire populaire. Il s’y connaît vachement bien en partage équitable du riz. Il a pas peur de manger l’excès de bananes pour éviter de les rajouter au calcul du dîner, et il sait tenir debout sur un poteau. Clairement un candidat utile en cas de fin du monde. D’ailleurs, on pourrait en profiter pour changer les urnes en plastique des bureaux de vote par des tonneaux en bois. Et puis trop hâte de voir Denis Brogniart éteindre la flamme du rassemblement national.
Parti politique : Lanta Naï

Céline Dion. Un biopic de Valérie Lemercier, un trend tiktok, un concert aux Vieilles Charrues… y a pas à chier, Céline plaît à toutes les générations de Français et de Bretons.  Elle rassemble. Son credo ? L’amour, mais pas ambiance sexe sous acide prêché par un gourou. Non, l’amour pur, celui en ut majeur. Seul (mi) bémol : Céline n’est pas Française (eh oui, ça vous troue le cul, hein) … du coup, il faudrait déplacer l’Élysée à Vegas, mais bon, comme sa voix est capable de se faire entendre jusque dans la stratosphère, ça ne devrait pas poser de problème.
Parti politique : D’amour ou d’amitié

Thomas Pesquet . Tiens, en parlant de stratosphère, on n’allait pas laisser Thomas sur le banc de touche des spationautes : Spoutnik (haha blague d’astronaute). Au programme : plan d’urgence des déchets dans l’espace, loi asile interplanétaire, saxophone obligatoire dès l’âge de 3 ans, mise en place de la cellule de vigilance d’évasion fiscale spatiale (vous riez maintenant mais vous rigolerez moins quand y aura un épisode de Black Mirror à ce sujet). Son premier ministre ? Pierre Niney.
Parti politique : Tous en Space Jordan

Stéphane Bern. J’entends déjà les détracteurs râler : « M ais euuuh excuse-moi ma belle, mais Stéphane Bern, il est pas royaliste ? » Et alors ? On peut bien être pote avec le roi d’Espagne et rester un citoyen comme les autres. On peut bien dire pain au chocolat à la boulangerie et chocolatine dans l’intimité. On peut bien être assigné à résidence et vouloir se claquer un petit week-end de temps à autre. Vous allez arrêter quand de ranger les gens dans des cases et autres labels AOC ? MERDE ALORS.
Parti politique : Marie-Antoinénette

Le socialisme. Il est là sans être là, comme le Covid sur un auto-test. Autant qu’il se présente, non ?

Par Queenie Tassell. 

DITES-LE AVEC DES FLEURS

LE J.D.D.L (LE JOURNAL DU DIMANCHE DU LUNDI)

C’est lundi et comme chaque début de semaine, on vous remet dans le bain du week-end politique. Au programme : un week-end de meetings, Woerth se souvient qu’il est de droite pour garder un poste et Castaner le « mâle dominant ».

UN WEEK-END DE MEETINGS

Bloquée à 4 % dans les sondages depuis sa victoire à la Primaire populaire et en galère pour trouver des parrainages, Taubira ne lâche pas. En meeting samedi, l’ancienne garde des Sceaux a assuré devant quelques centaines de ses soutiens, être décidée à poursuivre «  le rassemblement  » à gauche, pour «  vaincre les candidats de la guerre civile  ». Plus surprenant, elle a terminé sa prise de parole, en entonnant Ma France de Jean Ferrat. ( en vidéo ici )

En parlant de guerre civile, il faut souligner la violence des propos tenus samedi par Zemmour pour Pécresse dans l’espoir d’attirer les électeurs de droite dans son piège. «  Elle couvrira le pays de logements sociaux, et comme elle annonce vouloir casser les ghettos pour répartir les populations des banlieues, elle fera de chaque village un neuf-trois miniature, et il y aura en France autant de zones de non-droit que de clochers . » Rien que ça.  À noter qu’il réalise encore un « joli » week-end puisqu’il a un peu plus dépouillé Marine Le Pen de ses équipes en recrutant le sénateur RN Stéphane Ravier.

Au rayon catastrophique, vous trouvez le meeting de Pécresse au Zénith de la Villette. Sur la forme, une salle pleine avec 8500 personnes rapatriées à coup de bus des 4 coins de la France. Les organisateurs se vantaient même d’avoir ouvert le Cabaret Sauvage pour que ceux, qui ne pouvaient entrer dans la salle, puissent regarder Valérie sur un écran. «  Après 6h de bus, on l’a mauvaise  » nous disait un militant. On comprend. Sur le fond, la candidate de la droite a tenu un discours sans identité pour flatter à la fois l’électorat de Macron, Le Pen et Zemmour. Elle a par exemple adoubé la théorie complotiste du grand remplacement, eu une phrase pour la bonne bouffe à la française ou eu encore un mot pour le wokisme qui mènerait «  à la guerre des races  ». Promis, nous ne sommes pas de mauvaise foi, la plupart des observateurs, et même des cadres de son parti ( tout est là ) ont jugé son discours catastrophique.

QUAND LA SOUPE EST BONNE, BONNE, BONNE

Il ne se sentait plus à l’aise au parti LR, il a suivi son cœur et a décidé de rallier Emmanuel Macron jeudi dernier. L’ancien ministre de Sarkozy, Éric Woerth, serait donc un homme de conviction. Enfin ça dépend, puisque celui qui est actuellement président la commission des finances de l’Assemblée nationale profite encore de ce poste parce qu’il a été élu comme député LR. Pour vous la faire courte, le règlement de l’Assemblée nationale impose que la présidence de la commission des finances revienne à un groupe membre de l’opposition. Il devrait donc démissionner. «  Je rappelle qu’il n’y a plus de vote et qu’il n’y a plus non plus de travaux de contrôle à la commission des finances. On est seulement dans des auditions donc non, je ne veux pas démissionner de ce mandat  » a expliqué hier matin Woerth pour justifier qu’il reste en poste. Sûrement que les 800 euros en plus de son salaire de député et une voiture avec chauffeur l’ont convaincu.

LE PETIT MISSILE DE CASTANER POUR DARMANIN

Vous ne le savez peut-être pas, mais Christophe Castaner et Gérald Darmanin se détestent. Et Casta ne se prive jamais de mettre une balle perdue à l’actuel ministre de l’Intérieur. Invité hier sur BFM, le patron des députés LREM était interrogé sur le « Tout va bien se passer, Madame » adressé par Gérald à Appoline de Malherbe la semaine dernière durant une interview. Prenant mollement sa défense, il lui a mis ce joli tacle : «  On ne peut pas réduire son propos. Il a eu l’occasion de dire qu’il regrettait. Il a utilisé des mots qu’il avait déjà utilisés avec des hommes. Dans notre posture politique de mâle dominant, nous devons aller encore plus loin et être exemplaire. (…) La symbolique est effectivement mauvaise » . On aime voir la Macronie se tirer dans les pattes.

Par Yann Quercia.

•  LE TOUR DES MATINALES

Au menu des matinales : Pécresse fait du Zemmour et Taubira allume Hildago.

PÉCRESSE ASSUME LE « GRAND REMPLACEMENT »

C’est une théorie complotiste d’extrême droite entièrement assumée par Éric Zemmour depuis le début de sa campagne : le grand remplacement. Et comme nous vous le disions juste au-dessus, Valérie Pécresse a assumé de l’employer hier dans son meeting. Alors, ce matin sur RTL, il lui a forcément été demandé de s’expliquer et la candidate de droite banalise : «  Il n’y a rien de nouveau dans cette phrase, je l’ai déjà dit dix fois durant la primaire de la droite !  (…) Les commentateurs ont une mémoire de bigorneau  ». Ah. Avant de faire cette jolie pirouette quand on l’accuse d’être une copie de Zemmour : «  Je ne me résigne pas aux théories d’Éric Zemmour et aux théories de l’extrême droite, je sais qu’une autre voie est possible.  »

ÇA TIRE À GAUCHE

Dans la grande et belle famille de gauche, on vous parle de Christiane Taubira et Anne Hidalgo. À peu près au même niveau dans les sondages, la première a choisi d’étriller la maire de Paris dans une interview donnée au Parisien : «  Moi, je n’ai pas été élue par 75 % de 22 000 militants. Et puis, j’ai été garde des Sceaux. J’ai une expérience de gouvernement. Je crois que ça fait une différence et pas seulement avec Madame Hidalgo.  » Ça devient ridicule et on avait presque de la peine pour le patron du PS, Olivier Faure, qui devait commenter cette sortie ce matin sur France Info : «  Je ne veux pas commenter, je suis venu vous parler ce matin de ma candidate. Je suis un partisan du rassemblement. La main tendue n’a pas été saisie, maintenant j’avance . » Plus que 55 jours.

Par Y.Q.

TANT QUE DARMANIN N’A PAS LA MAIN SUR LES COMPTES

DITES-LE AVEC UN SANDWICH AU PAIN DE MIE

• BRAIN SÉRIE : CANNABIS, MA PREMIÈRE FOIS, MA TOUTE TOUTE PREMIÈRE FOIS

« LES SPACE CAKES, C’EST CE QU’IL Y A DE MIEUX POUR RIGOLER  », LIO.

Cette semaine, on vous propose de l’intime dans un nuage de fumée, du témoignage solide et sincère parce que ce monde est trop fake ; on a pioché des interviews kush tirées du bouquin Me, Myself & High , qui est lui-même une version papier du super podcast Banana Kush . Le principe était de faire parler des célébrités sur leur rapport avec le cannabis, leur consommation, leur vision de la fumette, et toutes ces heures d’interview ont donné lieu à des confessions inédites parfois bien cocasses. Nous, nous aimons l’émotion palpable des débuts maladroits et passionnés ; on a décidé de se focus sur la toute première fois de nos reustas.

Vous vous souvenez de votre tout premier pétard ? 
Je m’en souviens très bien ! Et d’ailleurs, ce n’était pas un pétard, c’était une petite boulette de shit plantée dans une aiguille, sous un verre. C’était avec un Californien qui travaillait avec Alain Chamfort – désolée, je te balance, Alain ! Il s’appelait Ryan. Alain avait travaillé avec ce Ryan à Los Angeles parce que Véronique Sanson y habitait. Ryan est venu faire l’ingé-son sur Amour toujours , mon deuxième album. Et un jour, il reçoit une enveloppe, il était aux anges. Dans cette enveloppe, il y avait un petit truc tout plat avec deux bouts de shit. Je ne comprenais pas, j’avais l’impression que tout le monde faisait la danse du feu. Tout le monde avait l’air très heureux, moi je n’avais jamais fumé de ma vie. Et franchement, j’ai pas du tout aimé, ça m’a fait beaucoup tousser. Plus tard, j’ai passé des vacances… allez, je rebalance… des vacances où il y avait un tas de gens : il y avait Nicolas Peyrac, il y avait la cuisinière de Coluche, très connue pour ses space cakes ! Elle faisait des gâteaux… oooh… magnifiques, au chocolat et au haschich ! Les space cakes les plus dingues ! Elle travaillait en patins à roulettes, avec des lunettes, des cheveux courts, des rollers blancs et elle cuisinait d’enfer. Tout le monde la connaissait dans le métier. Elle était toujours à Montsouris avec Coluche. Dans ses fêtes, il y avait toujours une table avec de l’herbe, du très bon pollen. Et quand y en avait plus, il appelait ses potes : c’étaient des flics qui lui en ramenaient ! C’est avec ces space cakes que j’ai eu les plus belles crises de rire de ma vie. Là, je me suis dit « franchement, ça c’est pour moi ». Et c’est comme ça que je me suis mise à vraiment fumer. Par les crises de rire exceptionnelles. Quelle drôlerie ! Quelle joie ! Quel moment de pur bonheur ! Mais vous savez, on est là à parler de ça, les gens vont penser qu’on est dingues… Mais qu’est-ce que c’est que d’ouvrir une bouteille de pif et d’être un peu pompette ? C’est exactement la même chose, les gars ! Et ça fait ni plus ni moins de dégâts ! On peut tous dire : « on est français, on est très contents d’être un peu pompettes, on a bu un bon alcool. » Eh bien, moi, j’ai fumé une super sativa ! Et je ne vois pas quel est le problème. Je vous parle de très bonnes soirées, très gourmandes, tout à fait délicates et raffinées, passées avec des amis, où on riait comme des fous. C’était magnifique.

Demain dans Brain Matin, un nouveau témoignage de notre série Cannabis : ma première fois, ma toute première fois.

Me, Myself & High, 15 personnalités racontent leur rapport au cannabis, éditions Nique, 19,90€

ET BONNE SAINT-VALENTIN À TOUS LES AMOUREUX