Brain Matin, l’ami des triangles sans d’wich Pas d’images ? Version web ![]() ![]() CES TERMES DE TARBAS DE LA COM’ POUR NOUS ATTIRER DANS DES ÉVÈNEMENTS À LA CON ![]() Il est grand temps qu’on brûle au lance-flammes les horreurs de la novlangue des communicants utilisées pour nous refourguer leurs « events » complètement pétés, don’t you think ? « Écrin » : pour le Petit Robert, c’est une boîte où l’on range ses bijoux. Pour les chacals de l’événementiel, c’est souvent une boîte trop chic dans un quartier pas ouf où l’on se protège des pauvres. C’est beau, cette pudeur de gentrificateur. « Oasis » : parfois aussi appelé « écrin de verdure ». Désigne généralement un lieu avec un micro-mur végétal, un arbre seul comme un gros Rémi ou un « potager collaboratif » qui ferait pitié à n’importe quel rural. « Bar à » : endroit où vous trouverez tout sauf de l’alcool et où vous risquez dangereusement de dessoûler. Bar à tattoos, bar à guimauves, bar à pop corn, nail bar… Allez patron, tournée de « bullshit » pour tout le monde. Non mais sans déconner, si ça sent pas le vomi et qu’il n’y a pas des cacahouètes avec 50 nuances d’urine dessus, ce n’est pas un bar, fin du débat . « Expérience immersive » : incroyable aventure humaine dont on ressort indemne et inchangé. Soit on vous prête une tablette à l’écran gras ou un Oculus Rift qui sent le vestiaire, soit des intermittents du spectacle vous angoissent, soit vous allez détruire des amitiés en vous enfermant de votre plein gré dans une escape room. « À 360° et en 3D » : yes, c’est sympa ta créa en VR avec des visuels dignes de la Playstation 1 mais tu crois vraiment que le reste du temps on vit à 180° et en 2D, mon gars ? En mode hiéroglyphe avec un torticolis ? Va bien te faire cuire l’Anubis, man… « En 4D » : sachez qu’un connard va secouer votre siège pendant que vous matez une vidéo ou va allumer une bougie parfumée. Et ça croit révolutionner la physique alors que la quatrième dimension, c’est le temps… Misère… « Masterclass » : moment gênant où vous allez écouter un type qui n’a pas vraiment préparé de cours. Sorte d’expérience immersive qui rappelle les TD à l’Université. « Workshop » : habile manipulation qui mise sur le faible niveau d’anglais des Français pour leur cacher qu’ils vont devoir payer pour travailler. Désolé, mais vous allez les faire vous-mêmes, ces putains de sushis… Texte et création visuelle de prestige : Félix Lemaître ![]() • ON SE FAIT UNE LIGNE ? ![]() Vu la dystopie dans laquelle nous vivons, Brain vous propose des livres bien perchés cette semaine. Parce que pour surprendre l’humain de 2022, bordel, faut se lever tôt. Il y a parfois des plaisirs inattendus. Comme chiner un bon livre dans l’auto-édition. Comme ce Noviens de Lucubrastel. Un récit qui rappellera la saga de Kim Stanley Robinson pour les fans de SF. La Terre va mal. Elle est en soin palliatif. Il ne lui reste que quelques années avant qu’une météorite vienne éteindre toute forme de vie. Rien que ça. Mais une singularité physique apparaît dans notre système solaire. Une porte vers une exoplanète habitable. Une poignée d’humain part dresser l’état des lieux de cette nouvelle maison. Sauf que l’endroit est encore habité. Et les anciens proprios n’ont pas l’air décidé à partir. Rencontre avec cette espèce étrangement ressemblante. Avec cette planète pas si accueillante. Avec ces « Universiens » qui ont mis nos deux astres en contact. Rencontre surtout avec Guilhem Lucubrastel et son écriture précise, ciselée, scientifique. Et avec une imagination qui n’a pas tout donné en 400 pages. Loin de là. On en demande encore. Parce que l’univers est trop vaste pour se visiter en un seul livre. Les Noviens , de Guilhem L. Lucubrastel, éd. Publishroom, 396 p., 18 € ![]() Vous n’êtes pas prêts. Ce livre est un délire sans fin. Si votre esprit vacille avec la folie, vous allez sombrer. Un tour qui s’élève à l’infini et abrite une seigneurie japonaise. À chaque tentative de putsch, d’assassinat, la tour se divise pour donner vie à deux réalités possibles. Deux réalités qui cohabitent. Shintaro Kago aurait pu s’en tenir à un délire à la Alain Resnais, mais il a préféré aller au bout de son idée. Donc, ces réalités parallèles se côtoient. Le lieu de séparation des tours donne naissance à des monstres. Des humains difformes. Aux membres multiples. Des monstres qui tentent de se révolter contre la seigneurie. Mais qui – allez savoir pourquoi – au passage couchent avec les prostitués de la tour qu’ils « monstrifient », donnant lieu à des scènes que John Waters et Divine n’auraient pas assumé. Bref, tout ça est dingue, donc parfaitement génial. La princesse du château sans fin, de Shintaro Kago , éd. Huber, 64 p., 25 € ![]() Le rock est mort. Vive le rock. Quand trois mordus de métal, biberonnés à Fluide Glacial (avec qui ils collaborent régulièrement), pondent une BD sur le milieu, on se rue dessus. L’histoire de trois métalleux qui invoquent l’esprit de Lemmy Kilmister et le laissent s’échapper avec l’âme du métal. Et voilà nos amis réduits à faire des circle pits sur des greens de golf. Trop tristounet. Ils décident de remettre dans le bain les icônes qui ont glissé dans la normalité. Opération commando pour récupérer Alice Cooper devenu esthéticien, Abbath qui officie comme clown, Ozzy Osbourne désormais promeneur de chaussures (si, si), ou Till Lindemann qu’on retrouve maître-nageur. Direction un camp d’entraînement pour tout ce petit monde, afin de renouer avec le bon goût du métal. Le récit est hilarant. Pur esprit Hellfest. Un bijou qui confirme qu’embrasser l’obscurité est la meilleure façon de diffuser la lumière. Et un projet qui attend votre soutien ( www.hellmoute.fr ). Hellfest Metal Vortex , de Jorge Bernstein, Fabrice Hodecent et Pixel Vengeur, éd. Rouquemoute, 96 p., 20 € ![]() Un peu de douceur pour finir. En suivant ce journaliste un peu paumé, parti à la rencontre de plongeuses dans la baie d’Ago au Japon. Les Amas, comme elles s’appellent, descendent pêcher en apnée, avec pour seul matériel un masque et un pagne. Et comme toujours quand la mer est impliquée, la légende côtoie le réel. Le surnaturel devient quotidien. L’histoire d’une sororité plus forte qu’une armée. De tragédies. Dérives se lit comme un conte. Moitié effrayant, moitié réjouissant, totalement fascinant. Un délice de lecture. Dérives , d’Alexis Bacci, éd. Glénat, 232 p., 29 € Par S.A. ![]() LE MONDE EN BRÈVES Cette semaine, on tente des pas de côté : tâcher de comprendre ce qui nous est proposé dans l’univers parallèle des « métavers », quelques bonnes nouvelles dans cette atmosphère terrorisante, et deux nouvelles de la Russie qui nous sortent du journalisme de guerre. • Onlyfans est accusé de conspirer contre les contenus pornos concurrents. Sa méthode est radicale : placer les comptes des performeur·ses travaillant pour des sites rivaux sur une blacklist anti-terroriste. Cette blacklist est commune à dix-huit organisations dont Facebook, Twitter, Youtube, Snapchat. De nombreux·ses performeur·ses se ont donc subi une incompréhensible modération punitive sur les réseaux qui leur servent à promouvoir leur travail, tandis que ceux qui utilisent Onlyfans ont été épargnés. À côté de cela, certains veulent damer le pion à la plateforme et récolter leur part dans la grande manne pornographique. La magazine Playboy a lancé son propre réseau Centerfold pour concurrencer Onlyfans, et il entend aller encore plus loin en ouvrant un manoir Playboy dans le métavers. • Pour rappel, les métavers sont des mondes virtuels autonomes dans lesquels les internautes interagissent via des avatars. Pour les investisseurs d’aujourd’hui, ce sont bel et bien les jeux, l’entraînement sportif, et même la visioconférence dans les méta-univers numériques qui représentent l’avenir de l’humanité. Iels comptent aussi y développer des lieux de consommation : Nike, Adidas et Carrefour ont en effet déjà investi dans ces mondes virtuels en achetant de l’immobilier virtuel – car oui, il y a même un marché spéculatif de l’immobilier virtuel. Quand les magasins réels seront tous en pénurie, quelques privilégiés pourront toujours consommer sur les métavers, livrés depuis des centres d’approvisionnement Amazon ultra-sécurisés par des cyclistes esclavagisé·es. Le média Reporterre rappelait cette semaine que la consommation énergétique moyenne d’un avatar sur Second Life, le premier métavers grand public, correspond à la consommation d’un Brésilien moyen. Au-delà de ça, les ressources nécessaires à la fabrication des équipements numériques sont déjà en tension et arriveront à pénurie en 2030 si le rythme d’extraction continue à ce rythme. Le spécialiste du numérique Frédéric Bordage conclut ainsi : « Au rythme actuel, il nous reste moins de 30 ans de numérique devant nous. ». Au risque d’un sevrage trop violent, il serait peut-être temps de commencer la cure.
• Quelques bonnes nouvelles en matière de politiques sexuelles. Le Guatemala, qui adoptait la semaine dernière une loi très répressive sur l’avortement, a fait marche arrière
et enterré la loi face aux mouvements de protestation et à l’impopularité ambiante du Président. La législation sur l’avortement reste l’une des plus dures d’Amérique Latine. Sur le reste du continent, c’est au Chili que l’avortement pourrait être bientôt légal et réalisé à l’hôpital. C’est en tout cas un projet inclus dans la nouvelle Constitution qui sera soumise au référendum dans l’année. Le Chili a aussi célébré ses premiers mariages homosexuels la semaine dernière, rejoignant la liste de trente pays dans le monde qui l’autorisent.
Par Luki Fair. ![]() • LE TOUR DES MATINALES Au menu des matinales : un ministre ultrazélé et les Corses ne veulent pas se faire avoir par le gouvernement. MACRON « DÉBAT » ET « NOUS PROTÈGE » Mieux vaut tard que jamais. C’est cet après-midi qu’Emmanuel Macron, le candidat, présente son programme lors d’une conférence de presse face à 250 journalistes (nous y serons). L’équipe du candidat promet même que nous pourrons poser toutes les questions que l’on veut et que Manu est prêt à rester quatre heures s’il le faut. Une façon d’éteindre les critiques l’accusant de refuser le débat et de ne pas faire campagne ? « Il fait campagne » répond ce matin sur France 2 Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et lèche-bottes en chef du Président, qui insiste encore : « Il faut arrêter ce petit débat consistant à dire qu’il ne fait pas campagne . » Entendu, nous allons arrêter de le dire. Ils sont nombreux à espérer faire partie du prochain gouvernement si leur gourou est réélu, alors Denormandie en remet une couche : « Vous avez un Président qui nous protège, et heureusement qu’il nous protège face à la guerre et au covid. Et vous avez un candidat qui nous projette, qui projette le pays vers l’avenir. Il débat avec les Français, avec les journalistes et il continuera à le faire . » À deux doigts d’annoncer que Macron a aussi endigué la faim dans le monde. LA CORSE MET LA PRESSION C’est marrant comme un ministre de l’Intérieur, toujours prêt à brandir la menace de l’autorité de l’État et qui « s’étouffe » quand il « entend parler de violences policières », peut s’adoucir dans certaines situations. Porte-voix du Président de la République, Darmanin montre de nombreux signes d’ouvertures depuis son arrivée en Corse hier matin, notamment sur l’autonomie de l’île. Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, ne veut pas perdre de temps sur France Inter ce matin et demande à ce que s’élabore un « accord sur la forme et le contenu de ce statut d’autonomie [qui] doit être défini avant la fin de l’année 2022. » Et si Macron n’était pas élu, qu’adviendrait-il de l’accord ? Simeoni va demander demain à « avoir un document écrit, co-signé avec le ministre, qui acte les éléments qui ont été rendus public hier » et que « le candidat Emmanuel Macron confirme que s’il est réélu, ce qu’il a fait dire par Gérald Darmanin, et que ce nous allons écrire ensemble sera bien sûr appliqué par le futur président de la République ». En gros, il ne veut pas se faire rouler dans un geste électoraliste. Par Y.Q. ![]() MACRON RETOURNE SA VESTE À L’APPROCHE DE L’ÉLECTION Si Macron devait chanter un refrain durant cette campagne, ce serait celui-ci : « Il y en a qui contestent, Qui revendiquent et qui protestent, Moi je ne fais qu’un seul geste, Je retourne ma veste, je retourne ma veste ». À 24 jours du 1 er tour de l’élection présidentielle, notre Président est en roue libre et lâche l’affaire sur un certain nombre de mesures. Si vous avez des revendications, c’est le moment parce que le carnet de chèques de Manu est de sorti. LE DÉGEL DU POINT D’INDICE DES FONCTIONNAIRES Ils ont passé 5 ans à crier sur tous les toits qu’augmenter le salaire des fonctionnaires « n’était pas la bonne solution ». Voilà 5 années que la Macronie s’accroche à sa volonté de garder, geler, comme on dit dans le jargon techno, le point d’indice de tout un secteur pourtant bien à la peine. Mais voilà, à moins d’un mois du 1 er tour, les considérations du candidat ne sont pas les mêmes que celles du Président visiblement. Lundi soir, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, a promis d’augmenter le traitement des agents publics. « Cette décision n’est ni une promesse, ni une mesure électoraliste » promet la ministre dans Le Parisien anticipant déjà les critiques des oppositions. Et comme personne n’est con, ça n’a pas manqué. Alors juste pour le plaisir, on vous ressort ce que disait la même ministre en juillet 2021 ( en vidéo ici ) : « En général, en fin de quinquennat, augmenter le point d’indice est une mesure électoraliste (…) On ne fait pas du saupoudrage, on ne fait pas de l’électoralisme, on ne fait pas de la facilité ». Plus récemment, il y a trois mois, elle parlait « d’une facilité à laquelle ont recouru les gouvernements précédents ». Elle justifie cette mesure du fait de l’inflation causée par la guerre en Ukraine. Mais comme le rappelle Libération dans un papier cette semaine, l’inflation atteignait déjà quasiment 3 % en février tandis qu’elle pourrait atteindre « +3,7 % dans la meilleure hypothèse et +4,4 % dans un « scénario dégradé » ». On se moque de nous, non ? L’OUVERTURE SOUDAINE À UNE POSSIBLE AUTONOMIE DE LA CORSE Les relations entre Macron et la Corse ont oscillé depuis 5 ans entre climat glacial et quelques réchauffements qui venaient du bon vouloir du Président de la République. Alors que rien ne va plus sur l’île depuis la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna et les émeutes violentes de dimanche dernier à Bastia, le ministre de l’Intérieur est en visite depuis hier pour tenter de calmer 330 000 potentiels électeurs. L’autonomie de la Corse est l’une des principales revendications des nationalistes et jamais un membre de la Macronie n’avait prononcé ce mot depuis 2017. « Nous, nous sommes prêts à aller jusqu’à l’autonomie. Voilà, le mot est dit. Après la question est de savoir ce qu’est cette autonomie. Il faut qu’on en discute » a lâché, à la surprise de tout le monde, même des Corses, Darmanin dans Corse Matin. Une manière de déminer le terrain avant son arrivée, mais aussi de s’assurer une certaine période de tranquillité le temps des « discussions ». Un sacré changement de discours quand on se souvient que durant son premier déplacement en Corse en 2018, le Président de la République avait expliqué ne pas vouloir créer un nouveau statut pour ce territoire. Pas un mot depuis. C’est pratique, une élection. LA BAISSE DU PRIX DE L’ESSENCE Si vous vous étouffez à chaque fois que vous passez à la station-essence, c’est bien normal puisque depuis le début de la guerre en Ukraine, le litre a quasiment pris un euro dans certaines stations. Alors, le gouvernement a annoncé la semaine dernière que sera effectuée une « remise à la pompe de 15 centimes par litre ». Cette mesure s’appliquera à partir du 1er avril, pour une durée de quatre mois. On ne va pas râler honnêtement, mais quand même… une baisse des prix à la pompe à deux semaines du scrutin alors que la Macronie s’y est toujours refusée, c’est quand un peu gros. Même si c’est une subvention, et non une baisse des taxes, le porte-parole du gouvernement estimait en octobre que baisser les prix « bénéficierait aussi à celui qui a un 4×4 ou un SUV ». Et puis pourquoi attendre le 1 er avril alors que l’État est en train d’encaisser des recettes bien supérieures au budget prévu ? Officiellement, pour « laisser le temps aux distributeurs de s’organiser pour l’application de la mesure ». Mouais. Par Yann Quercia. ![]() MAIS ANNULONS DIRECTEMENT LE 1ER TOUR, NON ? ![]() EH OUAIS, COMME TOUT LE MONDE, SALE PETITE BALANCE![]() ![]() • BRAIN SÉRIE : « CE SOIR, JE SERAI LA PLUS BELLE POUR ALLER SOUPER »ÉPISODE 4/4 : GICLÉE DE LARSEN![]() Le Paris popu regorge de figures mythiques : le chiffonnier nocturne, la pute gouailleuse, l’apache des fortifs’. Mais qui connaît la soupeuse, qui hantait jadis les pissotières jusqu’à leur extinction forcée au nom de l’hygiène et de la moralité publiques ? Une culture sexuelle (et alimentaire) dissidente disparue sans un bruit. Un doigt me parcourt / Je suis aux anges / J’inhale follement toute cette bonne saloperie / Je me meurs. La destruction des tasses décrétée par l’administration Chirac a causé la disparition quasi-immédiate de cette sororité secrète. J’imagine la force du choc, les cris et les pleurs, quand s’est propagée la rumeur de leur démontage par les commandos municipaux. Certes, les gays jouissaient d’une scène commerciale florissante entre les Halles, rebouchées et rutilantes de leur nouveau Forum (depuis remplacé par l’atroce Canopée) et le Marais, où les backrooms offraient un environnement érotique plus cosy, privé et surtout protégé des descentes de flics et de loubards. De plus, les lieux de drague en plein air étaient encore légion à Paris, des majestueuses Tuileries au port d’Austerlitz et à Stalingrad, nettement plus bruts de décoffrage. Et nos héroïnes de l’ombre ? Ce sont les grandes oubliées du tournant des années 80, avec leur esthétique chic et choc, tout en lignes fuselées et couleurs flash. Comme on dirait aujourd’hui, elles appartenaient à « l’ancien monde », trouble et parallèle, qui n’avait plus droit de cité dans une ville rayonnant de sa superbe retrouvée, et sont parties en silence : ni sabotage de nouvelles sanisettes – automatisées et payantes –, ni procession funèbre vers la décharge d’Aubervilliers où s’entassaient les carcasses suppliciées. Peut-être certaines ont-elles tenté un dernier baroud d’honneur dans les périphéries, loin de l’écosystème où elles s’étaient épanouies. L’aire de repos de Fleury-en-Bière ou les chiottes de Créteil Soleil devaient désormais faire l’affaire, c’était une question de survie. D’ailleurs, les lois successives criminalisant la prostitution n’ont-elles pas eu la même ambition d’effacer de l’espace urbain des femmes dont les vies disqualifiées pouvaient être niées, les exposant à toujours plus de violence ? Elles auront au moins échappé à leur folklorisation en curiosités incontournables du « Paris insolite ». Peut-être aurait-on même, dans le grand terrain de jeu de la ville contemporaine, inventé une application de chasse à la soupeuse : l’attraper par surprise, la photographier contre son gré, la balancer sur les réseaux sociaux, hagarde et dégoulinante, comme un trophée. Mais, rebelle jusque dans la mort, elle ne se laissera plus saisir que dans la voix éteinte de Jeanne Folly , s’étiolant au fil des minutes pour finir étouffée dans les giclées de larsen et les pulsations lubriques d’une comptine ondiniste lointaine. Par David Le Guillermic. ![]() FOUTEZ-MOI Ç A À LA FOURRIÈRE![]() ![]()
Quoi ? Oh, juste Daniel Bejar qui commande un burrito sur son appli de livraison de bouffe préférée, et puis un mec du futur sapé comme Will.i.am dans The Time lui livre à dos de gyroroue. Hop, un petit coup au micro-ondes et c’est la consécration. Daniel Bejar chante pour son burrito comme la parade nuptiale qui précède l’acte d’amour. Une réussite. Labyrinthitis sort le 25 mars prochain.
Huis clos de tes cauchemars entre deux ouvriers du bâtiment, leur lubie toute neuve pour la guitare électrique et un canapé couleur clémentine qui sent tout sauf la clémentine. Leur but : vider tout l’appartement et te faire sentir très seul, toi, ton synthé et les promesses d’une pop solaire qui, grâce à notre chanteur à crinière soyeuse, ne te laissera jamais tomber.
Après une matinée à mater L e Labyrinthe de Pan , Scary Movie et Massacre à la tronçonneuse (en simultané), tout le cast de Rupaul’s Drag Race a décidé de se changer un peu les idées et de partir déambuler chez Disney. Au bout de quelques heures de phase anxiogène à suer des gouttes acides dans le Space Mountain, le petit groupe s’est dit qu’il était peut-être temps de renter au bercail et d’arrêter les conneries, mais avant ça, petit passage obligé par le Marché St-Pierre de Montmartre afin de s’acheter deux ou trois mètres d’édredon Winnie l’Ourson. Voilà. Mais tout cela est bien plus complexe, alors on vous laisse juger. Et puis c’est un des mecs de The XX, le plus discret des trois, qui l’a fait.
Ce track, c’est l’espoir dans une tambouille de matière fétide, la perspective d’une sérénité au coin du feu après un long moment à traîner les genoux dans une boue froide, à s’enliser. Les gens qui courent dans ce clip sont des gens très forts qui ont tous le même ennemi, l’addiction, mais ils ont compris que leur puissance résidait dans l’union, et la forêt, et un château. Un château très spécial monté par Kate Barry et Gainsbourg, il y a 30 ans, qui aide plein de gens à revivre, à renaître. Bonjour, la puissance et l’émotion.
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