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Brain Matin, l’ami des spring-lovers désillusionnés

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LE JOUR OÙ DES MALHEUREUX ONT CRU QUE LES PASTAS POUSSAIENT SUR LES ARBRES

Aujourd’hui, on ne compte plus les insultes permanentes contre les « merdias mainstream qui transforment les gens en moutons gnagnagna idiocratie gnagnagna désinformation ». Mais il fut un temps où certaines institutions avaient un réel pouvoir sur le public. Trop peut-être. Retour sur l’un des premiers ​poissons d’avril de l’histoire de la télévision mondiale made in BBC. 

Comme pour le riff de Satisfaction et la vision de Martin Luther King, tout a commencé par un rêve. Lors d’une nuit tempétueuse (on n’a pas vérifié l’hygrométrie, mais ça ajoute de l’intensité narrative) de 1957, l’inconscient du caméraman de la BBC Charles de Jaeger lui offre le spectacle grandiose d’une grande récolte de nouilles. Une réminiscence de son instituteur autrichien qui avait dit que sa classe était tellement teubée qu’elle pourrait croire que les spaghettis poussent sur les arbres. Nous ne jugeons pas ; nous, chaque année, le prof principal disait que notre promo était la pire de sa carrière. Nul ne sait comment de Jaeger a persuadé ses très serious employeurs de soutenir son projet. Mais quoi qu’il en soit, il part avec une équipe filmer une famille de paysans dans le Sud de la Suisse, dans le Tessin plus précisément, la région italophone et la plus pauvre du pays. Si vous voulez en savoir plus sur ce beau territoire, on vous conseille la vidéo de ce bon gros malade de David Castello-Lopes.

En une journée, la supercherie al dente est en boît​e​. Le « documenteur », que vous pouvez découvrir en intégralité ici , montre de sublimes plantations où les femmes s’affairent. Sans une once d’ironie palpable, une voix off explique avec moult détails la pousse des spaghettis qui feraient tous la même taille grâce à la méticuleuse sélection des agriculteurs. Après la diffusion de l’émission, le standard de la BBC explose : des milliers de personnes veulent savoir comment cultiver leurs propres pâtes dans leur potager ou sur leur balcon. Pour excuser en partie la crédulité des citoyens britanniques, à cette époque, les spaghettis sont encore mal connus. Le mets, si ordinaire pour nous autres aujourd’hui, était aussi exotique qu’un nem ou un mafé. La BBC a répondu à ses téléspectateurs en leur conseillant de planter un spaghetti dans une boîte de sauce tomate et de laisser le miracle de la nature se faire. De l’humour british comme on aime. À moins que de Jaeger soit un lanceur d’alerte incompris étouffé par le lobby du féculent #BarillaGate…

Par F.L

•  LES RATTRAPAGES DU BAC (BUREAU DES AFFAIRES CULTURELLES)

Vous en avez marre de briller en société uniquement à cause de votre excès de sébum ? On vous fait le récapitulatif non-exhaustif des informations qu’il ne fallait SURTOUT pas manquer cette semaine. Attention, l’assimilation des données qui vont suivre risque fortement de vous rendre intéressant.

James Bond contre les Ch’tis à Mykonos
Chez Brain, on a jamais été des bondzouzes. Le luxe ostentatoire, l’alcoolisme mondain et la justice aussi expéditive que la drague, ça nous rappelle plus la beauferie américaine que la classe à l’anglaise. Autant dire qu’on s’en bat les gadgets de savoir qui reprendra le flambeau de Daniel Craig, et tant mieux si c’est une femme noire. Mais on est resté sur le Q (vous l’avez ?) quand on a appris que les tenants de la franchise, Barbara Broccoli (sus au lobby des légumes francs-maçons) et Michael G. Wilson, avaient décidé de rouler l’image de 007 dans la fange de la téléréalité. 007’s Road to a Million sortira sur Amazon et viendra concurrencer Les Marseillais , La Villa des Cœurs Brisés et surtout Pékin Express . L’aventure se déroulera dans plusieurs lieux historiques tout autour du monde vus dans les films de la saga. Des équipes de binômes devront passer un test d’intelligence et d’endurance. En gros, franchir des obstacles et résoudre des énigmes. Le prix : 1,3 million de dollars. Soit bien plus que les malheureux 100 000 euros de Koh-Lanta. La sentence est irrévocable : notre scatophilie télévisuelle va irrémédiablement nous amener à regarder. 

Des culs pour combattre la grossophobie
Dans le flot des bouses audiovisuelles aseptisées à la sauce BBQ, le cinéma français pourrait nous faire perdre espoir, c’est vrai. Mais regardons un peu plus loin, juste derrière les affiches de la décrépitude, par ici, hop, tiens, un cul. Pas n’importe quel cul. Celui de Barbara Butch, celle qui balance des bons kicks devant des foules en transe, celle qui a troqué ses fringues pour une self-confidence à poil, celle qui a été élue personnalité de l’année 2021 aux OUT d’or, cérémonie qui récompense et visibilise les membres de la communauté LGBTQA+. Comme la vie est trop courte pour s’arrêter à si peu, Barbara Butch est donc maintenant à l’affiche du court métrage Extralarge . Le pitch du film : une société fictive où toutes les femmes grosses sont contraintes de faire leur life à poil en permanence, comme punition à base d’auto-shaming de leur corps. La date de sortie n’a pas encore été dévoilée, mais le futur a déjà un peu moins un goût de lait caillé.

Dj-banquier
Tu vois ce pélot à la mine grise qui subit sa race mais brasse des millions en sortant de sa tour, engoncé dans son costume Hugo Boss ? Eh bien, tiens-toi bien, ce type, que tu croyais à mille lieues de ta philosophie de vie, a une passion : les platines, la musique électronique, les gros beats bien mûrs et les odeurs de transpi acide. Ce type sera même à l’affiche du prochain gros festival au sein duquel tu vas très probablement creuser ton découvert à coups de sans-contact en état d’ébriété++. No judgement. Ce type, c’est David Solomon, 50 ans, PDG des banques Goldman Sachs, féru d’électro qui a décidé d’apprendre à mixer il y a quelques années et qui s’est fait son kiff avec des petits concerts par-ci par-là, et qui, cette année, se retrouve dans la programmation du festival Lollapalooza . On avait envie de dire «  mdr  », parce que c’est drôle, mais on a aussi envie de fermer notre gueule et d’aller taper de la semelle devant ce dj-banquier.

Damso et Marc Lavoine répandent la tristesse tels des corbeaux nihilistes
Non, il ne s’agit pas d’une tournée exceptionnelle entre Dems et le juré de The Voice. Dommage, on aurait bien aimé entendre sur de la trap bresson «  Elle a un boule revolver, elle a le pétard qui tue  ». Il s’agit du résultat d’une étude menée par une start-up londonienne, Verve Search. Grâce à une intelligence​ artificielle, ils ont essayé de déterminer quels artistes transmettent le plus d’émotions à travers leurs voix. Le logiciel Vokaturi a scanné plus de 26 460 minutes de chansons francophones et a attribué des scores. Les champions de la peur sont le chanteur de Kyo et Niska. Et c’est vrai qu’ils foutent une sacré frousse, pour des raisons très différentes. Côté joie, c’est Zazie et Nekfeu qui enverraient le plus de good vibes. Être Blanc, thuné et fumer des petits pétous bio dans son salon, ça doit être ça, le secret bonheur chaleur. Enfin, les gothiques ultimes sont donc le rappeur belge et le vieux beau préféré des daronnes. Il y en a un qui parle de levrettes et l’autre de bluettes, mais le résultat est le même.​ Après, il y a un biais, ils n’ont pioché que dans les musiciens les plus écoutés sur les plateformes de streaming. Si ce putain de robot découvrait Speed my Speed d’Alain Kan ou Long Song for Zelda de Dashiell Hedayat , il imploserait de spleen. 

Shut up, Poutine, on danse
Odessa a attendu, dans la peur, comme toute l’Ukraine. Et puis devant cette armée russe qui ralentissait comme un chihuahua senior sur un tapis de course, la ville a décidé d’arrêter d’attendre et de recommencer à vivre. Face aux forces défensives ukrainiennes aux abords de la mer Noire, les navires russes ont déserté les côtes, et les habitants d’Odessa se sont dit qu’il était temps de respirer un peu. Toujours sous le joug d’un couvre-feu, les restaurants, les golfs, les salles de concert, les bars et les clubs ont rouvert il y a quelques jours, faisant résonner à nouveau le son, la vie et les «  clink clink  » des verres après des semaines de terreur à se préparer au pire. Et toc la guerre, rien n’arrête une peuplade de gens qui aiment se frotter les arêtes. 

Par V.D. & F.L.

 
 

QUELLE LIGNE DE CONDUITE IRRÉPROCHABLE

Pour rappel, Zemmour est accusé de violences sexuelles par 8 femmes.

 
 
 

LE COUILLOMÈTRE

Le couillomètre, votre chronique hebdomadaire sur les vrais bonhommes qui ont noyé leur cerveau dans la testo.

Hier, c’était la journée internationale de la visibilité transgenre. Malheureusement, ces derniers temps, la visibilité tout comme l’invisibilité de la transidentité dans les textes de loi s’orientent surtout en défaveur de la cause. Aux États-Unis, 117 lois anti-trans ont été introduites dans différents États en 2021, contre 19 en 2019. La majorité de ces lois interdisent l’accès aux toilettes correspondant à son genre ou à des équipes sportives, ou bien restreignent l’accès aux soins. Le gouvernement de Boris Johnson, au Royaume-Uni, a même subi la fuite d’un document, ce 31 mars, prouvant qu’il prévoyait d’interdir les thérapies de conversions visant l’homosexualité, mais pas celles visant les transidentités. L’occasion de vous conseiller le documentaire Nos corps sont vos champs de bataille , qui vient de sortir dans quelques salles, il retrace magistralement les enjeux autour des luttes trans-féministes en Argentine. 

« Il y a une avalanche d’appels   », directrice de l’agence matrimoniale ‘Au Cœur de l’Est’ à Marseille

On a là des profiteurs de guerre d’un drôle de genre, ou plutôt pas très drôle. Oui, il s’agit d’appels de vieux Français graveleux qui se disent que c’est la bonne occas’ pour se choper une Ukrainienne. Toujours tirer parti de n’importe quelle crise, c’est un talent qui ne se vole pas au vieil homme blanc de plus de cinquante ans. Il n’est question après tout que d’un différentiel entre l’offre – de l’ukrainienne – en pleine croissance et la demande – d’Ukrainienne – au beau fixe. N’importe qui aurait pu y penser mais lui seul est doté d’un tel sens des affaires. On se dit quand même que c’est toujours cette catégorie d’hommes français blancs de plus de cinquante ans qui : 1) s’enrichit grâce au commerce de luxe avec les Russes (Bernard Arnault, on t’a vu) ; 2) s’est enrichi grâce à la vente d’armes aux Russes, celles qui bombardent aujourd’hui les Ukrainiens ; 3) s’enrichit aujourd’hui sexo-affectivement d’Ukrainiennes réfugiées en position de précarité. Sans vouloir faire des conclusions rapides…

« Je considère que je n’ai jamais agressé de femme. C’est tout. », Éric Zemmour

D’accord, Éric Zemmour apparaît dans le couillomètre toutes les deux semaines, mais ce n’est pas de notre faute si Bolloré lui a proposé de venir tous les soirs à l’antenne de CNews ou que Valeurs Actuelles lui a consacré le quart de ses Unes en 2021 ; bref, si sa parole bénéficie d’une telle place médiatique. Depuis sa candidature officielle, on l’entend même débiter ses propos abscons, avec le talent oratoire proche d’un enfant de petite section, sur les chaînes publiques. On ne le lâchera donc pas d’ici les élections, et on a bien hâte qu’elles passent. Cette réponse à la question des multiples accusations portées contre lui est en tout cas très révélatrice. Pour Éric Zemmour, tout ce qui compte est son ressenti subjectif, d’homme sans interdits, à qui tout est dû, puisque ce qu’il « considère », « c’est tout ». Aucune place pour le ressenti d’une personne se situant en face de lui, à côté de lui, une femme par exemple, à qui l’on glisse la main sur la cuisse. Qu’elle considère avoir été agressée, cette personne se retrouvera face au mur de l’autorité de Zemmour en matière de définition. Espérons qu’un jour la justice pénale lui rappellera qu’en société, il n’est pas qu’affaire de considération personnelle, mais aussi de définitions légales.

Par Luki Fair.

•  LE TOUR DES MATINALES

Au menu des matinales : Roussel veut taper les multinationales et Hidalgo dans le déni.

ROUSSEL EN VEUT À BEZOS

En ce moment, c’est un peu Roussel à toutes les sauces. Le candidat communiste a décidé d’organiser aujourd’hui un happening pour dénoncer l’évasion fiscale, le tout en pleine affaire McKinsey. Et ce matin sur RTL, il a annoncé que s’il est élu, il nommera «  un ministre de la lutte contre la fraude et de l’évasion fiscale ». Roussel a aussi une solution pour éviter que «  Jeff Bezos se paye des séjours dans l’espace avec notre pognon  » en mettant en place un «  prélèvement à la source des bénéfices des multinationales  ».

HIDALGO CROIT EN SES RÊVES

Si tout le monde parle des sondages pour la qualification au second tour et surtout des sondages qui voit l’écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron se réduire très fortement en cas de duel le 24 avril, il ne faut quand même pas oublier la France d’en bas. Ce matin, nous rendons hommage à Anne Hidalgo qui était sur LCI avec un optimisme qui frôle le déni : «  Tout est possible, y compris le fait que je sois largement au-dessus de ce que vous commentez à longueur de journée dans vos sondages.  » Elle est à 1,5% actuellement. Que la politique est dure.

Par Y.Q.

LES NOTES POLITIQUES

Comme tous les vendredis, on attribue des notes aux performances politiques de la semaine. Au programme : la decima pour Schiappa, la descentada pour Pécresse, la folle semaine de Macron et Djebarri touche le fond.

MARLÈNE SCHIAPPA

Plus forte que le Real Madrid, Marlène Schiappa tient, elle aussi, sa decima et le tout sur un seul quinquennat. Dans tous les bons coups pour la récupération, la ministre déléguée à la Citoyenneté a passé cinq années en mode « box to box », la rendant indispensable à la moindre polémique. Malgré un volume de jeu impressionnant, Schiappa a trouvé le temps d’écrire 10 livres depuis son arrivée au gouvernement, dont le prochain qui sortira en juin et qui s’intitule : « C’est une bonne situation ça ministre ? ». Oui, cette anecdote est vraie.
Note : 0/10 parce qu’elle avait envie de tout sauf d’être ministre.

EMMANUEL MACRON 

Énorme semaine pour le capitaine de la Macronie. Alors qu’il donnera un meeting « façon super bowl » samedi à Nanterre, le Président-candidat semble avoir peur de ne pas pouvoir remplir les 40 000 places de la U Arena. En début de semaine, le HuffPost a pu consulter un mail dans lequel les adhérents LREM se voyaient proposer un jeu concours pour les inviter à venir écouter leur chef. Les 5 premiers pourront passer « un moment privilégié et unique après le meeting » et les 10 suivants auront le privilège de participer au tournage de la série « Le candidat ». Mais qui a eu une idée pareille ? McKinsey ? Englué dans la polémique, Macron a encore balayé le sujet hier face aux journalistes : «  Ne la mettez pas sur un faux sujet, je ne crois pas qu’il change la vie de la nation ». On n’est pas à 1 milliard près.
Note : 2/10 parce qu’absolument tout sonne faux dans cette « campagne ».

VALÉRIE PÉCRESSE

C’est le Yoann Gourcuff de cette campagne. Partie en décembre avec un fort potentiel, Valérie Pécresse voit ses espoirs à la présidentielle s’écrouler semaine après semaine malgré une détermination sans faille. À peine remise de son Covid, la candidate de la droite a dû essuyer une nouvelle défaite. Alors qu’elle avait invité Sarkozy pour son dernier grand meeting, l’ancien Président, qui ne lui a toujours pas apporté son soutien, a poliment décliné l’invitation. Misikina. Après son immense raté en février au Zénith de Paris, Pécresse tentera de sauver l’honneur dimanche pour sa dernière grande représentation.
Note : 5/10 parce qu’on a limite de la peine.

JEAN-BAPTISTE DJEBARRI

C’est un peu le Neymar de ce gouvernement. Inutile sur le terrain, mais toujours là quand il s’agit de briller sur TikTok. L’autre influenceur de la Macronie, avec plus d’1,1 million d’abonnés sur ce réseau, n’aura finalement rien à mettre l’actif de son bilan de ministre des Transports. Et comme il a l’air de se faire chier durant cette campagne, il a décidé mercredi de troller Valérie Pécresse avec une vidéo raillant la candidate de la droite ( la vidéo est ici) : concrètement, il laisse entendre qu’elle ne sera pas au second tour de la présidentielle. Vraiment pas classe, d’autant que les ministres sont astreints à un droit de réserve durant cette campagne. Mais ça, le Djeb s’en tape.
Note : 8/10 parce qu’on se met la vidéo de côté au cas où Macron ne soit pas au second tour.

Par Yann Quercia

QUI NOUS BASSINE DEPUIS 2 ANS AVEC LE WOKISME DÉJÀ ?

 
 

SALUT À TOI, JEUNE ENTREPRENEUR

 
 
 

• BRAIN SÉRIE : « LES CONTES DE LA GIFLE »

ÉPISODE 2/2 : HYSTÉRIE, BANLIEUES & RÉPUBLIQUE CLAQUÉE  

C’est incroyable l’effet que peut avoir une main dans la gueule. À partir du moment où Will Smith a servi sa salade de doigts à Chris Rock, c’est comme si la guerre en Ukraine n’avait jamais existé et que tous les rapports du GIEC avaient cramé dans un grand brasero. Une distorsion de l’espace-temps, rien que ça. Mais finalement, ce n’est pas si étonnant, la gifle a depuis bien longtemps un pouvoir symbolique qui va bien au-delà de sa violence physique limitée. Mieux, elle a carrément traversé l’Histoire de France de ses phalanges vengeresses. Suite de la rétrospective dans vos faces.

La gifle est aussi le bras armé du patriarcat. Au XIXème, elle est considérée comme un médicament contre l’hystérie des femmes. Elle n’est pas remboursée par la Sécu, toutefois les psychologues s’autorisent à en délivrer quelques-unes dans le cadre professionnel. Derrière, il faut comprendre qu’une femme catégorisée “hystérique” est soit jugée trop rebelle et il faut la mater, soit trop feignante pour faire les tâches ménagères et il faut​ la motiver, soit trop foldingue et il faut la calmer. Dans les trois scénarios, la gifle est envisagée comme une réponse logique et acceptable. On retrouve cette idée dans de nombreux films, où la femme en colère s’en mange une par le mâle tranquille, dans une justification peinarde de la violence. Comme dans La gifle (1974) justement, où Lino​ Ventura balance IRL sa pogne de catcheur au visage d’Isabelle Adjani, qui joue sa fille excédée. Un bon petit rappel à l’ordre à la papa que les gonzesses n’ont pas intérêt à déborder du cadre. Jusque dans les années 80, la beigne thérapeutique est utilisée, plutôt ​ dans l’espoir de ramener les patient.e.s qui ont des absences. 

En 2002,  la gifle nous sort un come-back remarqué et synthétise notre rapport aux banlieues. Cette année-là, le collectif Kourtrajmé (Kim Chapiron, Romain Gavras, Toumani Sangaré) nous livre sa mythique Barbichette avec Vincent Cassel en grand frère tyrannique qui refuse d’abandonner une partie de « je te tiens tu me tiens ». Une évocation ludique de l’ennui dans les HLM qui nourrit la violence. Pendant ce temps-là, François Bayrou, candidat UDF à l’élection présidentielle, est en visite à La Meinau, quartier populaire de Strasbourg. Lorsqu’un gamin de 11 ans tente de lui faire les poches, il lui flanque une mandale sous le regard des caméras . Résultat : des centaines de mails de soutien et une percée dans les sondages. Il devient présidentiable en recadrant du “sauvageon”… Tristesse…

D’ailleurs, la République et la gifle sont intimement liées. En 2017, Manuel Valls s’en bouffe une par un indépendantiste breton. En 2021, c’est le fameux « Montjoie St Denis » dans la gueule de Macron par un royaliste de la Drôme.​ C’est le corps d’État que l’on attaque. ​Une attaque qui rappelle celle de Lucien Lacour sur Aristide Briand en 1910. Dans les Tuileries, Briand, qui a eu l’audace de militer pour la loi de séparation de l’Église et de l’État, ose inaugurer une statue de Jules Ferry. C’en est trop pour le fan de Maurras qui décoche une rouste, afin d’humilier le régime. À l’époque, une instabilité gouvernementale ronge la nation et une guerre en Europe s’annonce. Tiens, ça ne vous rappelle rien ? Et si la gifle annonçait aussi la destruction ?

Par Félix Lemaître. 

 
 

NOUVEL OBJECTIF DE VIE : DEVENIR CE PATRON DE BAR

 
 
 
 
 
 
 
 

Lous and The Yakuza – Kisé

Multipass exigé par Leeloo en porte F pour un vol direction le Picard du quartier. On a transformé la pesanteur de l’ennui en un tie and dye orange fluo, acidulé comme un Fanta fraise-kiwi et fougueux comme les premières gariguettes de la saison. Bouclez votre ceinture-chaînette à breloques, il va y avoir des secousses.
 

Lykke Li – No Hotel

Le retour. Sous sédatif. Mais perdre la notion du temps pressé n’est pas toujours une mauvaise idée. Là, on a l’impression d’avancer sans effort mais à une vitesse ultra réduite, fractalisée comme une fenêtre Windows qui aurait reçu trop d’infos, alors ça rame, l’action se décompose en paquets de mini mouvements saccadés pour un résultat inévitablement infime.
 

 

Oscar Emch feat Luidji – Coup de Fil

Lovers sur canapé dans l’attente éternelle de donzelles fantasmées se tournent les pouces sur fond de décibels caressés. Trêve de poésie en PVC, la ritournelle est agréable, les femmes délectables, vaporeuses ; un feel-good track de baise dans le flot impétueux de ses semblables.

 


Soccer Mommy – Shotgun

Soft pop rock d’inspi 90s qui donne envie de pleurer les larmes de tous ses ex et de croupir pas lavé dans une chambre qui sent le fennec et les rouleaux de sopalin dépouillés. Redondant sur la tranche, sympathique dans la forme. Un moment de divaguerie sage. Sometimes, Forever sort le 24 juin prochain.
 

 
 
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Une newsletter écrite avec amour par Anaïs Carayon, Vanille Delon, Félix Lemaître, Yann Quercia. 

Correcteur : C.U.

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